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Le bouddhisme n'apporte-t-il pas la même paix que la foi chrétienne?

Le bouddhisme est en vogue en occident. On le voit facilement comme promesse de paix et d'harmonie, et comme une opportunité de développement personnel. Alors, finalement, le bouddhisme n'est il pas un autre chemin vers la paix que la foi chrétienne promet?


Illustration de la samsara (cycle de la vie et des réincarnations)Toutes les RELIGIONs parlent de paix ; toutes proposent une paix intérieure. Alors pourquoi certains croient-ils encore que seule la FOI chrétienne peut apporter la paix ? N'est-ce pas faire preuve d'intransigeance ? Après tout, si quelqu'un trouve la paix dans la pratique méditative du bouddhisme où est le problème ? Car l'important, c'est bien de trouver la paix intérieure. Mais cette rhétorique de la paix personnelle, part du principe que la paix que proposent le bouddhisme et la FOI chrétienne sont identiques, ou en tous cas se rejoignent sur un grand nombre de points. Qu'en est-il vraiment ?


Où est la paix ?


Pour le bouddhisme les « trois poisons » à l'origine de l'absence de paix sont l'avidité, la haine et l'ignorance, mais c'est l'ignorance, résumée dans la « Seconde Noble Vérité », qui en est la cause la plus importante. En effet, la cause la plus palpable de notre souffrance, c'est le désir que nous avons de choses éphémères auxquelles nous attribuons une qualité permanente. Or pour le bouddhisme tout, y compris l'existence, est impermanent, presque illusion. L'ignorance c'est aussi ne pas prendre conscience que tout est lié par le samsara, le cycle de la vie, et que tout est « conditionné » par le karma (loi de causalité). Cette ignorance engendre la cupidité qui nous pousse à chercher la satisfaction de nos désirs au prix de la souffrance d'autrui.


Mais il faudrait se demander d'où sont venues haine et ignorance ? Est-ce la condition naturelle de l'homme ? Pas pour le bouddhisme pour lequel l'être humain est « bon ». Dans ce cas, d'où est venu le premier mouvement de haine et d'ignorance ? N'ayant pas de réponse à cela, le bouddhisme doit presque nécessairement conclure que l'avidité et la haine sont une fatalité. Rien de tel dans la FOI chrétienne. L'être humain a été créé sans haine, sans avidité, en communion avec le cosmos. Ce n'est qu'après que l'avidité, l'orgueil sont apparus dans la vie humaine à cause de la rupture de la paix-communion avec Dieu.


C'est là qu'une première difficulté dans le bouddhisme rend la paix difficile à atteindre. D'abord, le principe d'inter-personnalité suppose que toutes nos actions ont une conséquence sur ceux qui nous entourent, ce qui, avec le concept de karma, implique une causalité à laquelle personne ne peut échapper. Or, pour atteindre la paix, le bouddhisme exhorte à la méditation et à la non violence (l'éveil personnel). Cependant, pouvons-nous atteindre la paix si ceux que nous rencontrons n'agissent pas selon les mêmes principes ? Non. Dans le bouddhisme la paix est dépendante des actions de ceux qui nous entourent, la rendant bien improbable.


La méditation de la paix


Dans le bouddhisme la paix est atteinte par une série de méditations et de préceptes visant à une non violence radicale. Cette paix s'atteint finalement par l'éveil et l'union à l'infini (nirv?na), l'extinction ultime de l'existence. Ainsi, la paix finale dans le bouddhisme exige la destruction de toute existence, ce qui rend paradoxal l'attrait des occidentaux pour le bouddhisme, dans une société obsédée par le bien-être personnel. Mais ce qui fait l'attrait du bouddhisme c'est cet ensemble d'exercices de méditation qui servent à atteindre la paix intérieure. Dans une société remplie de stress et de confrontations, cette perspective est attirante. Mais est-ce cela la paix ? Est-ce une chose ponctuelle dépendante de notre capacité à rester « zen » ? D'autant plus qu'en occident nous avons souvent tendance à ne retenir du bouddhisme que ces méditations « zen » et à oublier toutes les prescriptions parFOIs très contraignantes régissant la vie quotidienne. Or la paix ne doit pas asservir mais libérer.


Là se trouve une autre difficulté du bouddhisme : arriver à expliquer que la paix méditative trouvée par le bouddha historique est la vraie paix. Une vraie paix n'est pas qu'une expérience personnelle mais établie une relation de paix et de réconciliation. Cela signifie ainsi que la paix n'est pas que subjective (mes méditations « zen »), mais doit nous unir les uns aux autres. D'où le fait que la paix intérieur doit pour chacun être vécue, ou reçue, d'une manière objective pour que nous puissions vivre la même paix. Ceci, le bouddhisme ne peut le donner. Une vraie paix doit être objective et non pas seulement un simple « ressenti ». Une vraie paix ne peut être trouvée, elle doit être donnée.


Par contraste, la FOI chrétienne met en avant une paix qui ne dépend pas de nos oeuvres mais qui est reçue personnellement et vécue communautairement. Là se trouve l'équilibre personnel / communautaire manquant au bouddhisme : équilibre possible à travers le don de la paix par un Dieu personnel et incarné, Jésus Christ, qui nous communique sa Paix. La paix, c'est incarner la réconciliation avec les autres, l'environnement, et … Dieu. Ainsi, la transformation en vie de paix n'est pas une œuvre de méditation mais de médiation. Il ne s'agit pas de chercher au fond de soi une paix, mais de la trouver par des relations restaurées. Cela explique que la paix puisse être vécue dans le quotidien, quoi que ce dernier puisse être. La paix chrétienne, à la grande différence du bouddhisme ne vient pas seulement lorsque la souffrance, la douleur ont été vaincues, mais aussi au milieu de l'adversité. Voilà la vraie paix, celle qui nous permet de vivre pleinement dans le monde et d'y démontrer l'espérance du Dieu de Paix.


© Yannick Imbert